Laetitia De Cozar - Graphothérapeute - 96, Route de Neufchatel - 76000 ROUEN - 07 61 32 84 97

Faut-il mettre en place un Protocole éducatif (PIAPED ou PAP) ?

Lorsqu'un enfant ou un adolescent rencontre des difficultés avérées en matière d'écriture, et qu'elles sont significatives, il est parfois proposé à la famille de mettre en place un protocole éducatif, souvent appelé PIAPEDE, Protocole d’Identification de l’Aménagement Pédagogique correspondant à un Elève en Difficulté à l’Ecrit.

Il s'agit alors de soulager l’élève de cette tâche, soit en le confiant à une Avs, soit en lui permettant de prendre les cours sur un ordinateur soit enfin plus couramment à le soulager d'une part importante de l'écriture en lui donnant systématiquement des polycopiés, et des devoirs réduits.

Si ce protocole peut sembler positif dans un premier temps, il est néanmoins nécessaire de s'interroger sur ses bienfaits, car sur le long terme il s’avère souvent peu adapté, rarement profitable et même souvent délétère.

En effet, l'expérience a montré, que l'élève qui bénéficie d'un protocole éducatif, se trouve dans un premier temps soulagé. Il n'est plus soumis à une tâche trop ardue pour lui, et cesse d'être confronté systématiquement au sentiment d'échec, ce qui est heureux. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue lorsqu'on l'on doit choisir cette orientation, les effets moins profitables de ces aménagements.

Tout d'abord d'un point de vue psychologique,  l'élève continue à être stigmatisé puisqu’un régime spécifique lui est attribué. Dans le cadre de l'aide à la vie scolaire, cet intervenant est parfois mal perçu notamment chez les adolescents en quête d'émancipation à un âge où l'objectif est plutôt de se conformer au groupe. Plus ennuyeux, l'aménagement en lui-même prétend souvent solutionner la question à long terme, considérant que parce qu’une aide extérieure est apportée, le problème est résolu. Ainsi les compétences en matière de manque d'écriture de l'élève sont figées, il est estampillé non compétent en matière d'écriture, et aucun progrès possible n'est envisagé ni même envisageable. L'enfant ou l'adolescent dès lors écrit de moins en moins,  et sa capacité en la matière se réduit.

Parallèlement à cela la graphothérapie propose une progression : tous les enfants et adolescents  qui sont confrontés à des difficultés d'écriture ont une marge de progression, quelque soit l'étendue de leurs difficultés voire même de leur handicap. Abordant plusieurs dizaines d'items différents, qu'ils soient d'ordre technique, gestuel, psychologique ou liés aux bases de la connaissance de l'écriture, l'élève est accompagné pour progresser dans sa réalisation technique selon ses difficultés et en fonction de ses capacités. C'est ainsi que Le travail est alors fait sur le long terme et tous progressent sans exception gagnant chaque semaine des victoires et reconquérant progressivement le terrain de l'écriture. Cette approche permet à un grand nombre d'entre eux d’acquérir une réelle autonomie en matière d'écriture, et bien souvent de pouvoir se passer d'une aide extérieure,  qu'il s'agisse d'une Avs ou d'un ordinateur.

Ainsi, si les protocoles d'accompagnement peuvent être intéressants, il est toutefois souvent constructif de les considérer comme des aides temporaires, parallèlement à une rééducation de graphothérapie, en attendant la concrétisation des progrès : une sorte de béquille pour un élève convalescent, dans l'attente d'un retour à l'autonomie.

 

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Numérique et écriture, un mariage heureux ?

Depuis au moins une décennie on entend constamment parler de l'introduction du numérique à l'école. Doter les élèves de tablettes est pour certains pédagogues un bienfait.

Or, progressivement, après certaines expérimentations, on se rend compte que le bénéfice n'est pas si net. À tel point que dans les écoles de la Silicon Valley, où sont scolarisés les enfants des employés de Google, Facebook, ou Amazon,… on évite d'utiliser les tablettes pendant les cours.

Il est ainsi fort intéressant de constater, que ceux qui incitent au développement du numérique, n’en veulent qu’avec modération pour leurs enfants. 

C'est qu'ils sont conscients des méfaits du numérique globalement :

  • déficit de créativité,
  • déficit de concentration,
  • lacunes dans la pratique de l’écriture.

Or, ce dernier point n’est pas le moindre.

Parmi toutes les attentes de l’instruction, il y a bien sûr la connaissance,  la capacité de réflexion, le développement d’un esprit critique, la socialisation… mais aussi une voie pour accéder à la liberté.

Ecrire de façon fluide et harmonieuse, c’est évidemment maîtriser une compétence, mais bien plus encore. A travers l’écriture, on se projette, on inscrit sa trace. Depuis plusieurs millénaires, l’homme laisse son empreinte qui s’avère être une composante entière de lui-même. Or, le numérique ne peut remplacer cette fonction. 

Universellement, on constate que ne pas pouvoir produire un document écrit est un obstacle, voire un handicap et une souffrance.

C’est pourquoi, tout en les aidant à maîtriser le numérique, les enfants doivent être accompagnés pour qu’ils continuent à pouvoir laisser une trace écrite, une empreinte d’eux-mêmes, qui soit en harmonie avec ce qu’ils sont, et dont ils puissent être fiers.Il ne faut en aucun cas refuser l'intégralité du numérique car il y contient énormément de bénéfices : un accès quasi illimité à la connaissance, un allègement des cartables, et une aide (la plus ponctuelle possible) pour les élèves en difficulté. Mais pour les élèves sans obstacle, il est intéressant de s’interroger à savoir si l’école doit renforcer le lien des enfants et adolescents avec les tablettes ou les accompagner dans la prise de distance.

Ainsi, dans l'établissement Waldorf, en Californie, les élèves n'apprennent à maîtriser Google qu'à partir de la 4e. En revanche, les salles de classe sont dotées de tableaux noirs, de craies et de livres. Selon la direction de l'établissement, les ordinateurs et les tablettes nuiraient à la créativité et à la concentration des enfants…Donc le numérique, oui, mais avec modération et sans jamais renoncer à l’écriture.

Pour en savoir davantage, 2 articles :

 

 

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