Numérique et écriture, un mariage heureux ?
Depuis au moins une décennie on entend constamment parler de l'introduction du numérique à l'école. Doter les élèves de tablettes est pour certains pédagogues un bienfait.
Or, progressivement, après certaines expérimentations, on se rend compte que le bénéfice n'est pas si net. À tel point que dans les écoles de la Silicon Valley, où sont scolarisés les enfants des employés de Google, Facebook, ou Amazon,… on évite d'utiliser les tablettes pendant les cours.
Il est ainsi fort intéressant de constater, que ceux qui incitent au développement du numérique, n’en veulent qu’avec modération pour leurs enfants.
C'est qu'ils sont conscients des méfaits du numérique globalement :
- déficit de créativité,
- déficit de concentration,
- lacunes dans la pratique de l’écriture.
Or, ce dernier point n’est pas le moindre.
Parmi toutes les attentes de l’instruction, il y a bien sûr la connaissance, la capacité de réflexion, le développement d’un esprit critique, la socialisation… mais aussi une voie pour accéder à la liberté.
Ecrire de façon fluide et harmonieuse, c’est évidemment maîtriser une compétence, mais bien plus encore. A travers l’écriture, on se projette, on inscrit sa trace. Depuis plusieurs millénaires, l’homme laisse son empreinte qui s’avère être une composante entière de lui-même. Or, le numérique ne peut remplacer cette fonction.
Universellement, on constate que ne pas pouvoir produire un document écrit est un obstacle, voire un handicap et une souffrance.
C’est pourquoi, tout en les aidant à maîtriser le numérique, les enfants doivent être accompagnés pour qu’ils continuent à pouvoir laisser une trace écrite, une empreinte d’eux-mêmes, qui soit en harmonie avec ce qu’ils sont, et dont ils puissent être fiers.Il ne faut en aucun cas refuser l'intégralité du numérique car il y contient énormément de bénéfices : un accès quasi illimité à la connaissance, un allègement des cartables, et une aide (la plus ponctuelle possible) pour les élèves en difficulté. Mais pour les élèves sans obstacle, il est intéressant de s’interroger à savoir si l’école doit renforcer le lien des enfants et adolescents avec les tablettes ou les accompagner dans la prise de distance.
Ainsi, dans l'établissement Waldorf, en Californie, les élèves n'apprennent à maîtriser Google qu'à partir de la 4e. En revanche, les salles de classe sont dotées de tableaux noirs, de craies et de livres. Selon la direction de l'établissement, les ordinateurs et les tablettes nuiraient à la créativité et à la concentration des enfants…Donc le numérique, oui, mais avec modération et sans jamais renoncer à l’écriture.
Pour en savoir davantage, 2 articles :
- « Ces patrons de la Silicon Valley qui interdisent la high tech à leurs enfants » http://www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/ces-patrons-de-la-silicon-valley-qui-interdisent-la-high-tech-a-leurs-enfants-
- « La tablette évite à nos enfants de porter un sac de 15 kg »http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/11/10/31003-20141110ARTFIG00208